Retour chez soi

Yahhad entra sans cérémonie dans ce hall qu'elle n'avait jamais vu porter ce nom. Elle soupira, se mit à crier :

- HEEE, DJAAADJAAAA ! ... Où es-tu donc... Je rentre de ma retraite, et tu ne m'acceuilles même pas ?. Tss....

Yahhad ! petite soeur des sables. Tu nous reviens au printemps, comme les fleurs. Viens m'embrasser.

Tu vas trouver du changement. Un grand vent est en train de souffler, chargé de graines qui poussent et mûrissent.

Elle resta un instant devant lui, dévoilant enfin son visage. Sa chevelure noire sombre faisait contraste avec sa peau blanche. On avait du mal à croire qu'elle était native djarii ! Et pourtant... c'est surement ce qui avait fait sa réputation : elle était connue en ville. Weiti, qu'on la surnommait : "la Blanche", en djarii... original, non ?

Elle voulait faire sa fière devant celui qu'elle avait toujours considérée comme son grand frère... peut-être même plus parfois... une sorte d'image du père... non ? Elle, la fille du désert...

- Ca faisait longtemps, Dja... Je suis heureuse de te revoir... !

Les yeux humides, chose inhabituelle pour elle, elle se laissa aller dans ses bras, le serrant en un instant.
Puis elle s'écarta un peu, pour pouvoir l'admirer tout entier.

- Tu rayonnes, mon frère.. Je me doute de ce que tu as lancé...

Elle soupira.

- Mais nous aurons tout le temps de parler. Si tu m'offrais un simple petit coin pour me poser ? J'avoue avoir voyager longtemps... le Sable a beau me porter, je n'en reste qu'une jeune femme... Très jeune...

Djahir essuya les larmes qui perlaient aux yeux de Yahhad.

Souviens-toi, petite soeur, on ne donne son eau qu'aux morts...

Je vais mettre à ta disposition un bel appartement. Tu seras à ton aise. Peut-être as-tu amené un galant ?^^

Voyant les yeux furibonds de Yahhad, il battit en retraite.

N'en parlons plus.^^ Tu dois avoir envie de te rafraîchir ?

Le regard assassin ne s'était pas fait attendre. Non mais...

- Es-tu si pressé de me voir avec des anneaux aux oreilles ? Hé bien crois-moi, tu ne te débarasseras pas de moi si facilement !!

Et puis qui voudrait... d'une sans-attache comme moi, hein... se disait-elle malgré elle. Elle qui n'avait pas de parent, pas d'origine, sauf celle du désert. C'est là qu'on l'avait trouvé, alors qu'elle n'était encore qu'un bébé.
Elle regarda Djahir, celui qui justememt, l'avait découverte, il y a maintenant de nombreuses années...

- ... allez, je te suis... puisque tu sembles sous-entendre que je sens mauvais !!

Il ne put dissimuler la tendresse qu'il avait pour cette petite. Oui... Un jour un homme lui tendra ses anneaux d'eau qu'elle portera avec fierté. Mais pas encore. Il lut le doute dans les yeux de la jeune femme.

Tu sens le sable et le silex, la rosée des immortelles, la canelle... Tu es une vraie Djarii. Tu as reçu l'enseignement du Désert, tu connais tes Cinq Piliers, tu sais quelles plantes enraciner pour ancrer une dune, quelles autres annoncent la proximité de l'eau. Tu sais lire l'approche de la tempête dans le vol des oiseaux. Et tant d'autres choses encore. Je suis fier de toi.

Allez, viens, Un bon bain te délassera. Et quelques gouttes d'essence de canelle feront tourn... iront bien à ta peau.

Yahhad était très fière elle aussi, de tous ces compliments, surtout venant de lui. Elle se la jouait toujours pas mal, mais ça... ça comptait beaucoup.

- ... Merci de ta compassion pour ma peau...

Elle sortit ainsi du hall en compagnie de son amie... son frère.